Incroyable mais vrai, Nikolaï Lugansky ne s’est pas toujours senti beaucoup d’affinités avec Beethoven. Le temps fait heureusement son œuvre : « chaque année, je découvre de plus en plus de sens dans sa musique. Ce monde incroyablement riche montre comment une personne dans la situation la plus tragique trouve la force en soi pour poursuivre sa vie et sa créativité, pour surmonter toute catastrophe émotionnelle ».
Aux « Clair de lune » et « Appassionata », il adjoint deux opus de Franck qui, comme en témoignent les récompenses glanées en 2020 par les lectures fixées pour Harmonia Mundi, sont faits pour sa technique d’orfèvre, ses improvisations feintes, sa maîtrise intellectuelle de la construction.
Fidèle aux concerts du dimanche matin de Jeannine Roze Productions, comme à Schubert, Adam Laloum nous réveille avec un Opus 94 qui vibrera forcément au diapason de sa sensibilité. Rejoint par les seize cordes de la fratrie Tchalik, le programme change de ton avec Antonín Dvořák, dont le Quintette à clavier n°2 composé à la fin de l’été 1887 ne manque ni de vigueur ni de couleurs. Les frétillements du Furiant ne rappellent-ils pas ceux de l’auteur de La Truite ? Reste que, même hors de la célèbre Dumka aux inoubliables lamentations, la mélancolie du Tchèque mâtine jusqu’aux passages les plus joyeux. C’est la vie de Bohême Avenue Montaigne !
THOMAS (VON) POURQUERY / ANNE PACEO / AIRELLE BESSON / LOUIS WINSBERG / FIDEL FOURNEYRON / THEO CECCALDI / BOJAN Z / ANDY SHEPPARD / YVES ROUSSEAU / FRANCK TORTILLER en concert
Les Musiciens Résidents Du Festival Jazz Sous Les Pommiers à Paris
Pour marquer la sortie du double-album intitulé SOUS LES POMMIERS enregistré en août dernier pendant le festival, l'équipe du festival normand a le plaisir de réunir à nouveau sur une même scène les dix artistes ayant été en résidence à Coutances : Franck Tortiller, Yves Rousseau, Bojan Z, Louis Winsberg, Andy Sheppard, Thomas de Pourquery, Airelle Besson, Anne Paceo, Fidel Fourneyron et Théo Ceccaldi.
MATHIAS LÉVY
« LES DÉMONS FAMILIERS »
(sortie d’album)
THOMAS ENHCO piano
JÉRÉMY BRUYÈRE contrebasse
MATTHIEU CHAZARENC batterie
MATHIAS LÉVY violon, compositions
MAËLLE DESBROSSES alto
BRUNO DUCRET violoncelle
JEAN-PHILIPPE VIRET contrebasse
et en invités
LAURENT DERACHE accordéon
HUGUES MAYOT clarinette
GRÉGOIRE LETOUVET arrangements et direction artistique
Il y a du sacré dans la voix de La Chica.
Son incantation nous délivre de la pesanteur, son corps ondule, entrainant par mimétisme nos corps. Danse des sons, des mots, des cris, des idiomes, des doigts. De son clavier, comme une chamane, elle pilote et dirige notre transe. Il faut la voir se préparer avant de sortir un son, le dos droit, les épaules écartées la tête qui s’étire vers le haut, le menton rentré sur la poitrine, les yeux à demi clos, et soudain, la vibration jaillit, sereine, magique, apaisante.
Tour à tour femme guerrière ou poétesse, sa voix enveloppe, envoûte, caresse, rassemble des forces parfois contradictoires dans un récit dynamique. Hip-hop, afro-caraïbe, doo-wap, Debussy, elle a intégré tout ça dans sa voix et dans sa technique pianistique, plus le jeu d'un sampleur : Elle joue en séquences des traits qui semblent empruntés à Horowitz sur une rythmique de cumbia.
La Chica seule avec sa voix et son piano, une expérience …
André Manoukian